Agnès Buzyn lancera, ce 18 décembre, les travaux du comité de suivi de la réforme 100 % Santé. Sur le sujet épineux des conséquences financières, le ton est monté ces derniers jours. Après une vague d’études de sources différentes, mais référentes, qui pointent toutes l’augmentation de la charge des contrats d’entrée de gamme (mais pas seulement), Agnès Buzyn a fustigé en fin de semaine dernière les complémentaires santé qui, pour certaines, ont d’ores et déjà annoncé à leurs ressortissants une augmentation tarifaire.
La Ministre a quitté son habituelle courtoisie pour évoquer un « sabotage politique ». Ce qui n’a pas manqué de faire réagir. Et une simple visite des réseaux sociaux nous le montre.
Ainsi, Jean-Paul Benoit, président de la Fédération des Mutuelles de France répond : « Saboter le gouvernement ? Il se coule lui même. Depuis le congrès de juillet les mutuelles ne cessent de vous alerter sur le coût du RAC0 et sur la nécessité de compenser en baissant les taxes. Vous faites le contraire ».
Jérôme Saddier, président d’ESS France et vice-président du Crédit Coopératif, mutualiste bien connu, lance une longue adresse à Agnès Buzyn : « Madame la Ministre, vous n’avez pas compris : les mutuelles ne sont pas aux ordres, ce sont des entreprises privées appartenant à leurs bénéficiaires, qui ne sont pas comptables des promesses démagogiques même quand elles paraissent généreuses. Dans le contexte social, les mutuelles ne peuvent être le bouc émissaire de l’impossibilité d’un RAC zéro, et surtout gratuit pour tout le monde (État, sécurité sociale, patients, professionnels de santé, assureurs). » Et n’hésite pas à mettre le doigt sur le désengagement de la Sécurité sociale : « si vous renoncez à organiser une prise en charge de l’Assurance maladie financée par la solidarité nationale et sociale, c’est aux autres assureurs de le faire, mais ce ne sont pas eux qui régulent l’activité des professionnels de santé ». Et enfin, « Cessez de faire croire que votre responsabilité, comme celle de vos prédécesseurs, n’est pas engagée dans ce découpage inextricable de la sécurité sociale. »
Pour la Fnim, Philippe Mixe réagit également, refusant le « sabotage de nos mutuelles ». Le mutualiste rappelle que chaque mutuelle doit, en permanence, assurer un équilibre entre prestations et cotisations. « Ce qui est en cause, c’est bien le libre-arbitre de nos mutuelles. »Comme à l’habitude, il ne mâche pas ses mots : « Faute de ne pas avoir pu consolider durablement la prise en charge nationale, d’avoir cédé aux lobbies professionnels pour ne pas réformer l’offre de santé, il est effectivement plus simple de jeter les mutuelles à l’opprobre public. Car ce sont nos mutuelles qui sont au premier contact avec nos adhérents et portent, à leurs yeux, la responsabilité des moindres remboursements ou de la cherté de la santé. »
Les opérateurs complémentaires sont toutefois la cible des internautes. Certains sont visés, d’autre sont défendus. Comme en témoigne, François Rosso, membre du Comité exécutif d’Harmonie Mutuelle : « moi je ne connais pas « les complémentaires » mais Harmonie Mutuelle... et ce n’est pas notre cas ... nous agissons pour la réussite du 100% Santé ! ». L’analyse des interventions permet, au passage, de cerner le degré de confusion qui existe dans le public face aux complémentaires santé, et l’extrême sensibilité aux prix des couvertures.
Mais peut être que le bon sens se trouvera dans le tweet de @Kowalski, qui se présente comme « étudiante professionnelle et juriste » : « Le sabotage par les mutuelles ? Pardon ? Le 100% santé a été conclu sans les complémentaires santé, faut pas s’étonner qu’elles y mettent de la mauvaise foi ! »
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