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Le 52e congrès de la CGT qui s’ouvre ce lundi 13 mai à Dijon sera compliqué pour son secrétaire général, Philippe Martinez et pour son syndicat. Depuis Marseille en 2016, un événement considérable s’est produit, à savoir que la CGT a perdu sa première place au profit d’une CFDT qui admettait à Rennes en juin 2017 qu’elle-même ne devait sa promotion qu’au fait d’avoir moins reculé que les autres syndicats. En d’autres termes, c’est bien le déclin de la CGT qui est aujourd’hui en cause dont Philippe Martinez ne (...)

 
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    Le 52e congrès de la CGT qui s’ouvre ce lundi 13 mai à Dijon sera compliqué pour son secrétaire général, Philippe Martinez et pour son syndicat. Depuis Marseille en 2016, un événement considérable s’est produit, à savoir que la CGT a perdu sa première place au profit d’une CFDT qui admettait à Rennes en juin 2017 qu’elle-même ne devait sa promotion qu’au fait d’avoir moins reculé que les autres syndicats. En d’autres termes, c’est bien le déclin de la CGT qui est aujourd’hui en cause dont Philippe Martinez ne saurait être tenu pour seul comptable.

    Il reste qu’il est loin le temps au sortir de la seconde guerre mondiale où la CGT pouvait afficher quelque 4,5 millions d’adhérents et emporter quatre sièges sur cinq aux premières élections des administrateurs de la sécurité sociale. Paradoxalement, c’est Maurice Thorez et le Parti communiste qui donneront le signal du reflux quand, obéissant aux ordres de Moscou, le Parti ordonnera au syndicat de mettre fin aux grèves insurrectionnelles du début des années 1950, l’URSS n’étant pas décidée à ouvrir un front à l’Ouest qui l’opposerait aux Britanniques et aux Américains.

    La suite ne sera qu’un long déclin, d’autant plus difficile à enrayer que les dirigeants historiques, Benoît Frachon, Georges Séguy et Henri Krasucki continueront à siéger dans les instances d’un Parti communiste piégé par François Mitterrand et l’Union de la gauche. C’est à Louis Viannet que reviendra le mérite de couper enfin le cordon entre le Parti et le syndicat, Bernard Thibault franchissant un pas de plus en 2000 en rompant avec la Fédération syndicale mondiale (FSM) d’obédience communiste pour arrimer la CGT à la Confédération européenne des syndicats (CES). Était-il déjà trop tard ? En tout cas, une mauvaise gestion de la succession de Bernard Thibault et la regrettable parenthèse de Thierry Le Paon, écarté après moins de deux ans de mandat, ont considérablement compliqué la tâche de son successeur manifestement mal préparé à sa fonction de secrétaire général.

    Trois ans après le congrès de Marseille, Philippe Martinez se présente donc à Dijon dans une situation de grande fragilité. Non seulement, il n’est pas parvenu à redresser la barre au niveau des effectifs, mais l’épisode des gilets jaunes a montré que la CGT a perdu la fonction tribunitienne qui fut celle du Parti communiste et qui restait encore celle de la CGT. Certes, la CGT reste un syndicat protestataire, mais la multiplication des grèves et des manifestations, notamment à la SNCF, où elle a finalement perdu la ’bataille du rail’ en 2018, n’a servi à rien. Pire encore, l’émergence du mouvement des gilets jaunes qui obtiendront en quelques semaines plus que la CGT en plusieurs années, oblige la CGT à s’interroger sur le bien-fondé de sa stratégie et sur les raisons profondes de sa coupure d’avec le monde du travail.

    Où la situation devient périlleuse pour la CGT, c’est que ce constat n’est pas nouveau. C’est déjà une opposition en son sein entre ceux qui jugent nécessaire de transformer la CGT et ceux qui préconisent une ’bunkerisation’ de l’organisation autour de ses valeurs et de ses principes d’action qui avait mis en minorité Bernard Thibault, l’obligeant à présenter à sa succession en 2013 l’infirmière, Nadine Pigent, qui n’était pas un modèle d’ouverture... Rejetée par le CCN, elle laissera la place à Thierry Le Paon... C’est la même tendance qui anime aujourd’hui certaines fédérations, comme celle du commerce, et les auteurs d’une motion qui prêche le retour à un syndicalisme ’de masse et de classe’, la sortie de la CES et le retour à la bonne vieille FSM dans laquelle ne siègent plus guère que Cuba, le Vietnam du Nord et la Corée du Nord...

    Bien entendu, le secrétaire général sortant n’est pas de ce bord. Comme il y a trois ans à Marseille, mais avec plus d’insistance encore compte tenu de l’urgence de la situation (31 000 adhérents perdus entre 2012 et 2016 et combien depuis ?), il souhaite que son syndicat prenne en compte les nouvelles réalités du monde du travail qui ne sont plus seulement celles des grandes entreprises et des statuts.

    Mais comment réussir dans les trois prochaines années auprès des salariés des PME, des retraités, des chômeurs et des précaires, des femmes, bref là où elle a échoué depuis si longtemps ? Comment réussir quand les représentants de ces catégories portant gilets jaunes ou tout de noir vêtus viennent le 1er mai d’humilier publiquement le patron de la vieille CGT au point de le forcer à quitter un défilé que ses militants ne parvenaient plus à contrôler ? Comment réussir quand le secrétaire général lui-même balance entre «  des fondamentaux qui restent bons  », le refus du compromis et de la gestion paritaire d’une part, et la nécessité de construire «  une CGT de la diversité  » d’autre part. Comment réussir quand face à une direction qui récuse le ’centralisme démocratique’ des fédérations ressuscitent une extrême-gauche prête à faire cause commune avec la France Insoumise, le Nouveau Parti Anticapitaliste, voire des ’trotskistes lambertistes’ prêts à faire leur jonction avec leurs camarades de FO, comme nous l’a indiqué, Bernard Devy, ancien secrétaire confédéral de FO ? Comment réussir enfin - Philippe Martinez n’en parle pas -, dans un monde où il se confirme qu’en contournant les intermédiaires, dont les syndicats, les réseaux sociaux remettent profondément en cause la démocratie sociale, notamment syndicale [1] ?

    Fragilisé, mais en passe d’être réélu quoi qu’il arrive, Philippe Martinez fera donc paradoxalement figure de grand perdant du congrès qui s’ouvre.

    mm
  • Publié le 12 mai 2019
  • Dépèche n°29804

pastille cfc

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