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Cette situation est pour le moins « préoccupante ». Cette appréciation portée par le président de la CFE-CGC, François Hommeril, ce 14 mai, à l’issue du débat sur le rapport d’activité, reflétait évidemment un sentiment très largement partagé par les observateurs. D’autant que les résultats du vote sur ce rapport ont confirmé la pertinence du constat du président de la confédération de l’encadrement. Alors que l’équipe confédérale s’était employée à confisquer le débat pour mettre en avant ses positions, le (...)

 
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    Cette situation est pour le moins « préoccupante ». Cette appréciation portée par le président de la CFE-CGC, François Hommeril, ce 14 mai, à l’issue du débat sur le rapport d’activité, reflétait évidemment un sentiment très largement partagé par les observateurs. D’autant que les résultats du vote sur ce rapport ont confirmé la pertinence du constat du président de la confédération de l’encadrement. Alors que l’équipe confédérale s’était employée à confisquer le débat pour mettre en avant ses positions, le rapport d’activité n’a été adopté que par 70,96 % des votes, et un petit 60% des militants si l’on tient compte de l’abstention. Un score très étroit qui fragilise encore un peu plus Philippe Martinez et qui invite plus que jamais à se poser la question de l’avenir de la CGT.

    Retour sur image. Dans un congrès syndical, la présentation d’un rapport d’activité par le secrétaire général est suivi par la prise de parole des délégués des syndicats présents au congrès. Généralement, c’est l’occasion pour les opposants à la ligne confédérale de monter au créneau pour contester les résultats de l’équipe confédérale sortante. De ce point de vue, le 52e congrès n’a pas rompu avec la tradition. Même si les temps de paroles de 4 minutes ne permettaient qu’une expression limitée et même si cet espace d’échange a été contenu dans un peu moins de deux heures de temps, une bonne trentaine de militants ont pu faire entendre leur voix.

    Où les choses se gâtent c’est évidemment quand le secrétaire général sortant ne répond plus lui-même aux critiques qui lui sont adressées et qu’il délègue un membre du bureau, en l’occurrence l’inconnue Gisèle Vidallet, pour répondre aux intervenants. L’affaire évidemment se corse quand cette dernière lit ostensiblement un texte préparé de longue date, qui ne répond pas directement aux congressistes qui se sont exprimées. Gisèle Vidallet s’est donc contentée de quelques formules vagues pour relever que la direction confédérale avait bien entendu les messages critiques qui lui sont adressés. Mais tout comme le secrétaire général la veille, elle a souligné que les fédérations, unions régionales et locales et les syndicats ont leur part dans les échecs de la CGT. Et de reprendre le discours sur la nécessité de réformer les structures.

    Le plus surprenant c’est que les participants au 52e congrès n’ont semblé ni surpris ni choqués par cette nouvelle pratique qui se situe en rupture totale avec l’exercice de démocratie syndicale d’autrefois, quand le secrétaire général prenait lui-même plusieurs heures de son temps pour répondre, point par point et souvent très longuement, aux critiques adressées au secrétaire général lui-même et à ses équipes. Autres temps, autres mœurs, la CGT - mais peut-être est-ce vrai ailleurs ? - devient un théâtre d’ombre dans lequel de la base au sommet, chacun joue son rôle. Comme si tout le monde s’accordait à penser que «  si la critique est facile, l’art est difficile  ». Comme si, même les plus vindicatifs redoutaient de trop s’exposer et de fragiliser leur position personnelle dans l’organisation.

    Cette situation est « préoccupante » dans la mesure où de très nombreuses interventions ont témoigné du fossé qui se creuse entre certaines fédérations et la direction confédérale accusée de reproduire les mêmes discours d’un congrès à l’autre, de ne tirer aucune leçon de ses échecs et de pratiquer la politique du bouc émissaire en prenant pour cible tantôt Macron, tantôt ceux qui refusent la convergence des luttes, tantôt les militants de la CGT eux-mêmes. Partant de ce constat, toute une frange de la CGT tend à se radicaliser. Non seulement, comme Timothée Esprit, certains veulent «  débattre de la ligne des trois dernières années. Et si nous n’avons pas su répondre aux défis auxquels nous étions confrontés, ne faut-il pas changer de ligne ? ». C’est le même point de vue qu’exprime Ludovic Bouru (métallurgie du Nord-Pas-de-Calais) quand il estime qu’il «  n’est pas possible de dire qu’on est sur la bonne voie. Si c’était vrai, on n’en serait pas là  ». En fait, «  c’est la crédibilité de la CGT qui se joue  », estimait un représentant des cheminots, un délégué de l’agglomération de Toulouse appelant à «  la recherche d’une solution révolutionnaire et non à une tentative d’adaptation à un système d’exploitation capitaliste que la CGT conteste. Je fais partie de eux qui disent que ça suffit. On ne peut avoir des journées d’action qui se succèdent et qui ne servent à rien ou bien c’est la confédération qui ne sert à rien  ». Partant de là, les plus radicaux, qui demandent à leurs dirigeants de resserrer les liens avec les gilets jaunes qui incarnent à leurs yeux un mouvement populaire, vont jusqu’à ressusciter le mythe de la grève générale, les plus réalistes souhaitant que la CGT reste sur ses fondamentaux en engageant une vraie bataille pour s’opposer à la réforme des retraites et pour mettre un terme à «  la casse du service public  ».

    Le problème est évidemment que ces oppositions radicales pour les uns et plus modérées pour les autres ne peuvent pas se rejoindre et que l’espace est alors suffisamment large pour que l’équipe confédérale sortante persiste et signe dans une stratégie d’immobilisme perdante ces trois dernières années et qui le restera dans les trois suivantes. C’est ce qui se passe pour Philippe Martinez dont le rapport d’activité adopté par seulement 60,07 % des votants, en prenant en compte les abstentions, arrive à des années lumières des scores de ses prédécesseurs. Partant de là, on peut donc penser que ce résultat ne donnera pas au secrétaire général une plus grande autorité sur ses troupes. Avec le risque que l’aile radicale de la CGT sortie renforcée du congrès multiplie des actions fractionnistes pouvant conduire à terme à un éclatement de la CGT.

    Avec quelle incidence sur l’ensemble du mouvement syndical ? Car c’est un autre sujet de « préoccupation » pour François Hommeril, le président du syndicat des cadres : la CGT a occupé une telle place dans l’histoire sociale française que tout ce qui touche à la CGT aura forcément des conséquences sur les autres centra
    les syndicales. À commencer par la CGT Force Ouvrière.

    mm
  • Publié le 14 mai 2019
  • Mise à jour: 15 mai 2019
  • Dépèche n°29828

pastille cfc

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