« En matière de numérique, le secteur du grand âge en France accuse un retard coupable. Mais ce retard n’a rien d’inéluctable… à condition d’en prendre conscience et de se mobiliser urgemment ». C’est le message que veut faire passer le dernier rapport du Think Tank Matières Grises, publié ce 5 septembre sous la direction de Luc Broussy [1] et de Etienne Grass [2], en partenariat avec le cabinet d’étude Capgemini Invent.
Né de la réflexion croisée de ces deux organisations expertes, des questions numériques d’une part et du vieillissement d’autre part, et nourri d’entretiens avec les principaux opérateurs du secteur, ce rapport propose une lecture commune des enjeux de la transformation du secteur du Grand Âge. Une démarche qui s’inscrit dans le contexte de préparation du projet de loi « Grand âge et à l’autonomie » et du plan « ESMS numérique » annoncé en mai dernier par la Ministre de la Santé.
Partant du constat du retard accumulé par les acteurs français dans ce domaine à des degrés très divers, les auteurs de ce rapport partagent leur vision de ce que pourrait être une transformation numérique réussie du secteur du Grand Âge d’ici 2030 et nous livre donc quelques pistes pour y parvenir.
Pour ces experts, l’investissement numérique est une priorité absolue. Un exemple est donné : 15 à 20 % des Ehpad seraient très mal, voire pas du tout informatisés concernant le dossier résident. Pour rattraper la situation, expliquent-ils, il faut « inscrire le projet d’informatisation du cœur de métier dans une démarche d’établissement ».
De plus, dans un secteur marqué par une grande diversité d’organisation et de pratiques sur le territoire, un facteur clé de succès résiderait dans le partage d’un socle minimum de références en matière de processus métier, de sémantique, de nomenclatures, de fonctionnalités des solutions, a minima pour le cœur de métier que constitue le dossier de l’usager. Des référentiels nationaux doivent donc être rapidement coconstruits.
Les auteurs abordent également un point crucial, celui du financement dans la durée. « Compte tenu de la tension sur les ressources de fonctionnement des structures, et de leur taille critique, des moyens d’accompagnement - y compris financiers - sont nécessaires pour encourager la mise à niveau des infrastructures (serveurs, réseau, postes de travail), accroître les ressources d’ingénierie des équipes de direction, et prévoir un accompagnement du changement conséquent et dans la durée ».
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