Les journées de rentrée FNMF 2019
FNMF/N. Mergui
Environ 600 personnes étaient présentes, ce 25 septembre, aux traditionnelles journées de rentrée de la Mutualité Française (JRMF), à Nancy. Journées placées sous le signe de l’intelligence artificielle (IA), du numérique, et aussi de quelques problèmes que rencontre le système de soins français comme le reste à charge après hospitalisation.
C’est Axel Kahn, le médecin et généticien bien connu, qui introduisait, de fait, la question de l’IA. Il était présent en tant que président de la Firah (Fondation internationale de recherche appliquée sur le handicap) avec laquelle la Mutualité Française a signé une convention de partenariat ce même jour (voir Fil-Social n°30675).
Pour lui, le bon médecin du futur sera celui qui se servira des outils de l’intelligence artificielle tout en apportant ce que l’IA, justement, ne peut pas apporter : c’est-à-dire une relation humaine avec le patient. Techniquement, estime-t-il, l’IA supplantera l’humain en matière de dépistage et même de soins (délivrance de traitement par ex.). De fait, elle est déjà supérieure pour le diagnostic du cancer de la peau. En revanche, elle ne pourra jamais remplacer l’intelligence humaine dans ce qu’elle a de mélange de sentiments, d’affectif, d’empathie, etc.
Avant cette conclusion, son exposé, écouté très attentivement et fort applaudi, retrace l’histoire de l’IA, de la naissance même du terme aux derniers développements avec les « machines » auto apprenantes, grâce au deep-learning.
Ma santé 2022, une réforme qui va dans le bon sens. Mais ...
Pour sa part Thierry Beaudet , en introduction, fait un point de situation. Reprenant ce qu’il avait dit, il y a peu, devant les journalistes réunis par l’Ajis (Association des journalistes d’information sociale) (voir Fil-Social n°30616), il annonce que la Mutualité « accompagnera la réforme » Ma santé 2022 lancée il y a un an (voir Fil-Social n°30569). Elle est, pour lui, « une première étape dans le bon sens mais à compléter ».
Les points indispensables à régler, explique-t-il sont « la définition du rôle de l’hôpital, la mise en place d’une politique de prévention et la prise en compte des inégalités sociales ».
Sur le premier point, il redit que « ne doit être fait à l’hôpital que ce qui peut n’être fait qu’à l’hôpital ».
Il alerte, en outre, les Pouvoirs Publics, sur trois aspects : « Le nouveau dispositif doit être ouvert à l’ensemble des acteurs de la santé, il faut leur laisser une marge de liberté nécessaire, il faut mettre en place une politique de repérage et d’accompagnement de la perte d’autonomie ». On voit que sur les deux premiers points, il plaide directement pour les mutuelles. Ce qui, somme toute, est assez normal.
Après avoir insisté sur les problèmes de précarité, qui conduisent à des difficultés d’accès aux soins, il revient sur les problèmes du reste à charge après hospitalisation (voir Fil-Social n°30616) : « Le 100 % santé ne réglera pas l’ensemble des restes à charge ». Et il revient également sur le fait que ce sont les mutuelles, au sein de l’ensemble des complémentaires qui remboursent le plus de reste à charge hospitalier, tout simplement car « elles couvrent 70 % des personnes de plus de 65 ans, lesquelles sont très concernées par ces RAC ». Le baromètre de Place de la santé sur le sujet a fait l’objet d’une présentation et de débats le 2e jour des JRMF
Numérique, IA, dépendance et aussi cuisine au menu
Ces JRMF étaient aussi l’occasion pour les responsables de mutuelles présents, d’étudier, en séance plénière ou lors de nombreuses conférences concomitantes la question de la dépendance, (« Le système français pour la dépendance est épuisé » dira l’un des invités, Mathieu Klein, président du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle), de traiter des difficultés d’accès aux soins, en particulier en zone rurale (par exemple : « Comment concilier qualité de soins et prise en charge de proximité ? » avec l’ancien ministre Claude Evin) , de revenir sur l’IA avec la question de savoir si « l’intelligence artificielle peut être éthique ? » (la réponse est « oui »), de se pencher sur la question spécifique de la prise en charge de la santé des personnes handicapées, etc. Conférences fort suivies, il faut le noter.
En outre 41 stands de partenaires présentaient leurs activités ou leurs produits : des dispositifs médicaux, de la e-santé, de la télémédecine, des systèmes d’information et également des réalisations mutualistes innovantes, telles que la cité des aînés (Eovi Mcd (voir Fil-Social n°29617)), Harmonie Médical Service, ... Le numérique étant particulièrement à l’honneur avec une importante présence de start-up de nouvelles technologies et aussi par la remise des prix de l’innovation mutuelle (voir Fil-Social n°30660). Notons, en outre, la présence de deux traiteurs pratiquant une cuisine « respectueuse » à la fois de leurs fournisseurs et des matières utilisées.
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