S’estimant délivrée de son étiquette ’réformiste’, la CFE-CGC va durcir le ton à son 37e congrès.
Le 37e congrès confédéral de la CFE-CGC se tiendra les 9 et 10 octobre prochains, à Deauville. François Hommeril, président du syndicat des cadres qui briguera sa propre succession, s’est livré en avant-première aux questions de l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis) pour dresser un bilan des trois années écoulées et dessiner des perspectives pour l’avenir.
Au bilan, le président sortant relève d’abord une tendance inquiétante du gouvernement à occuper en permanence le champ de la négociation interprofessionnelle et de l’élaboration des accords. En conséquence, « la capacité de la CFE-CGC, comme d’ailleurs d’autres syndicats, pour proposer des thèmes de discussions et faire partager son point de vue se réduit ». Plus grave encore, explique-t-il, « nous serons confrontés à un problème insurmontable si on ne se met pas au travail pour parler de la représentativité patronale ». Aujourd’hui, il estime que « tout est bloqué » dans les négociations de par la volonté du Medef. « Soit ils n’ont plus envie, soit ils n’ont plus la capacité, soit les deux », mais « cette absence de volonté d’avancer impacte du même coup nos relations avec le gouvernement ».
Au positif, la CFE-CGC pourrait inscrire que l’inversion des normes et la descente des négociations au niveau des entreprises lui a plutôt bien réussi en terme d’adhérents et de résultats aux élections professionnelles. En réalité, elle considère que la loi de 2018 en renvoyant tout à l’entreprise n’a pas été une bonne chose. D’abord parce qu’à ce niveau les négociateurs ne disposent pas d’une bonne information. Au surplus parce qu’il n’est pas sain qu’ils négocient en étant en situation de subordination par rapport à la partie patronale. François Hommeril, juge au final comme tout à fait positif, le fait de s’être débarrassé de l’étiquette ’réformiste’. Récusant le qualificatif de syndicat « contestataire, qui ne correspond pas à une stratégie », « nous avons conquis une forme d’indépendance nous permettant de nous déterminer en dehors de toute appartenance à un camp idéologique qu’on nous aurait imposé ». Cela dit, ajoute-t-il, « il y a un monde entre le réformisme et être réformiste ».
Étrennant sa nouvelle autonomie, la direction confédérale sortante a décidé d’ouvrir un débat avec sa base sur trois thèmes à Deauville : ’l’encadrement’, ’la qualité et l’environnement du travail’ - sujet sur lequel la CFE-CGC estime avoir eu un rôle pionnier - et ’l’impasse de la gestion paritaire’.
Sur ce dernier point le président voudrait que les congressistes s’interrogent sur les raisons pour lesquelles « tout est désormais inféodé dans les entreprises à la gestion des coûts ». Au-delà, François Hommeril n’ignore pas qu’après la fusion Agirc-Arrco, la question de la retraite figurera en bonne place dans le débat. D’ores et déjà il vitupère contre la négociation sur le rapport Delevoye - une bonne base de négociation - qui risque de ne pas en être une - et sur « les conséquences structurantes de la réforme, qui ne seraient pas dites ». Allant plus loin encore, le président de la CFE-CGC s’emporte contre une réforme à ses yeux ’inutile’, mais tout en précisant qu’ « à ce stade la CFE-CGC honorera les rendez-vous pris ».
Rendant hommage au régime par points des cadres, Agirc, qui a été bien géré, puisqu’il dégage aujourd’hui plus de 70 Md€ d’excédents, il n’en estime pas moins qu’ « un régime de retraite en répartition doit être en permanence en déséquilibre pour anticiper les balances démographiques ». Et de fustiger la règle d’or de l’équilibre financier qui conduit à la CSG et à l’étatisation. On a parfois un peu de mal à suivre...
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