« Vous avez su créer, par votre méthode et votre souci constant du terrain, les conditions d’un vrai changement » indiquait Agnès Buzyn à l’adresse de Myriam El Khomri et son équipe à la remise, ce 29 octobre, de leur rapport sur l’attractivité des métiers du grand âge.
Il est vrai que la mission aura conduit en moins de 3 mois plus de 150 auditions, auxquelles il faut ajouter les nombreuses visites de terrain.
Le rapport confirme que ces métiers ne sont pas, aujourd’hui, attractifs car ils sont réalisés dans des conditions difficiles, qu’ils souffrent d’un manque de considération et qu’ils ne sont pas rémunérés au niveau des attentes.
Quant aux aides et au soutien apportés par les pouvoirs publics, ils n’ont qu’une efficacité relative du fait de leur dispersion.
« Une question s’est imposée tout au long de nos travaux : comment admettre que des métiers utiles socialement soient si peu valorisés ? Pourquoi y a-t-il un gouffre entre l’engagement, la fierté des personnes que nous avons rencontrées et la manière dont on raconte leur métier », interroge Myriam El Khomry qui relève la situation quasi-traumatisante de professionnels qui sont gagnés, eux-aussi, par le déni.
Le rapport propose un véritable plan de mobilisation pour revaloriser les métiers de ce secteur, qui passe par 5 axes de mesures.
- Sur les carrières et les rémunérations avec l’ouverture de 18500 postes supplémentaires par an d’ici 2024, une revalorisation des minimas de rémunération conventionnels/ Plus originale est l’idée d’organiser une offre nationale pour équiper les professionnels à domicile de véhicules corrects.
- Sur les conditions de travail et notamment la sinistralité liée à la pénibilité des gestes. La branche AT-MP de l’assurance maladie devrait être appelée à mettre en place des actions. Enfin, en réponse à l’isolement des professionnels, le rapport préconise d’imposer 4 heures de temps collectif par mois afin de favoriser la socialisation et les échanges.
- Sur les formations et l’image des métiers, en supprimant le concours d’aide-soignant pour répondre à la pénurie de candidats. En garantissant ensuite la gratuité de la formation initiale et réduire « drastiquement » l’éventail des diplômes existants. Enfin, le rapport préconise de favoriser la formation en alternance qui devrait représenter 10 % des effectifs formés, et la validation des acquis de l’expérience. Enfin, il convient de permettre à tous les professionnels exerçant auprès des personnes en perte d’autonomie d’accéder à une formation spécifique en gérontologie. Ce plan serait incomplet s’il n’était pas accompagné de campagnes de communication pour rehausser l’image des métiers et donc leur attractivité.
- Le rapport n’oublie pas l’innovation et inscrit dans le plan le soutien aux démarches innovantes dans l’organisation du travail. Et de citer la méthode Buurtzorg [1], l’Humanitude qui révolutionne la relation soignant-soigné et le label Cap Handéo adossé à une démarche de certification qualité. Dans le même objectif, le rapport préconise de favoriser le développement des infirmières à pratique avancée en gérontologie, reprenant le principe retenu pour l’organisation de la médecine générale et l’accès aux soins primaires.
- Enfin, le cinquième axe est plus institutionnel, et doit permettre de garantir la mobilisation et les financements à tous les niveaux. Ainsi est proposée la création d’une plateforme départementale des métiers du grand âge, véritable guichet unique de sécurisation des recrutements. En matière de financement, un comité national des métiers du grand âge se verrait confier le soin de coordonner le financement des mesures, car cet aspect fait intervenir de multiples acteurs.
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