Le titre du nouvel ouvrage de François Charpentier, journaliste bien connu du monde de la protection sociale [1] est, comme l’indique l’auteur assez évocateur : « l’ouragan Macron en matière de protection sociale n’a pas surgi comme un ovni brutalement propulsé dans un ciel sans nuages. De fait, les réformes esquissées en 2016 et qui entrent progressivement en application aujourd’hui viennent de loin. Très loin ».
Ce livre se veut être une contribution à la compréhension des problèmes et des enjeux auxquels est confronté notre modèle social. Comment préserver les outils de protection sociale qui se sont construits au fil des ans et qui, pour la plupart, ont fait leurs preuves ? Comment les adapter aux évolutions extrêmement rapides de la société, tout en respectant les valeurs d’équité et de solidarité qui fondent le modèle social français ? Les réformes en cours répondent-elles à ces objectifs ? C’est sur ces questions que cet ouvrage tente de jeter des éclairages en s’appuyant le plus possible sur les chiffres contenus dans des rapports officiels disponibles sur internet, mais aussi sur les témoignages de ceux qui font vivre au quotidien les organismes de protection sociale.
C’est d’ailleurs là un des éléments de valeur ajoutée de ce travail. La parole des acteurs, souvent soulagés du vernis institutionnel.
Comme tout système social est l’héritier de son histoire, la première partie de l’ouvrage est consacrée au déroulement des évolutions, à la lente construction de l’édifice que nous connaissons. Comment en effet consolider un édifice si on n’en connaît que trop peu les bases ?
Très rapidement, l’auteur aborde les sujets sensibles. Le premier d’entre eux est la question de la dette sociale. Il est intéressant à ce titre de rappeler les différentes écoles et discours sur cette problématique. Et François Charpentier le fait avec le sens de la précision qu’on lui connaît.
Il en est de même pour l’autre question d’importance, celle du partage et de la part de la richesse nationale affectée à ses systèmes sociaux. Et, élément fondamental pour l’actualité, la question de savoir qui gouverne ces systèmes. En filigrane, mais pas que, est analysée l’évolution du modèle social du paritarisme, hérité des Trente Glorieuses. Quel avenir ?
Ce livre est une contribution, disions-nous, à la compréhension des débats actuels. Il nous rappelle que la sociale de 1945 repose sur une solidarité partielle et a minima. Fonctionnaires, agriculteurs, indépendants sont protégés pour leurs charges de famille et leur santé par des dispositifs universels. En revanche, pour leur retraite, ils ont opté pour un chacun pour soi préservant leurs avantages acquis. Faute d’une mutualisation, qui aurait amélioré le montant de leur pension, les salariés du privé ont développé des régimes complémentaires, fonctionnant en points, qui leur ont permis, au tournant des années 1970, de bénéficier enfin de revenus décents.
Ces modèles, fondés sur l’appartenance à un statut professionnel et financés par des cotisations sur salaires, butent tous aujourd’hui sur la transformation du monde du travail et l’allongement de la durée de la vie.
Quelques volets de ce livre seront pour certains des rappels, utiles. D’autres se révèlent être des ardillons tout aussi utiles.
DR
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Editions Economica
256 pages - 25 €
ISBN-10 : 2717870946
Disponible en ligne : Economica - Amazon
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