Pour la quatrième année consécutive, le groupe Mgen, en collaboration avec la mutualité belge Solidaris [1], a mené une enquête sur la confiance et le bien-être des Français29148. Enquête réalisée par OpinionWay pour la France.
Globalement, « l’année passée, nous avions constaté l’explosion d’une bulle. Laquelle avait été sans soute liée à l’élection présidentielle de 2017 », commente Roland Berthilier, le président de la Mgen. La dite bulle ne s’est pas regonflée en 2019 puisque l’indice global de bien-être, qui s’établit sur une échelle de 0 à 100, est de 57,5 en 2019, soit une baisse de 1,8 point par rapport à 2018. Il était de 60,1 en 2017.
En fait, tous les principaux indicateurs (conditions objectives, qualité du relationnel, rapport à la société, image de soi, santé physique, santé mentale) de cet indice global de bien-être baissent, sauf celui de la santé physique qui gagne 3,3 points cette année (67,3).
Défiance envers les institutions
À la question de savoir en qui les Français ont confiance pour agir « vraiment pour tenter d’améliorer [leur] qualité de vie », viennent en tête, comme les années précédentes, les conjoints, la famille, les amis, puis les médecins généralistes mais avec une confiance qui décroît (pour 68, 2 % des personnes interrogées contre 81,3 % l’an dernier).
Quant aux mutuelles, (aux « Mutualité ») leur cote de confiance continue également de baisser : elles agissent dans ce sens pour 40, 7 % des gens contre 49,1 % l’an dernier et 59 % en 2017. Plus de 18 points de moins en deux ans.
Peut-être est-ce dû, pour le président du Groupe Mgen, à la confusion entre mutuelles et complémentaires santé, confusion encore plus éclatante avec la généralisation de cette assurance en entreprise.
Il est vrai que la confiance dans la Sécurité sociale baisse également : 49,6% des Français (une baisse de 12 points).
Les mutualistes pourraient peut-être se rassurer en constatant que les assurances, au sens propre, sont loin derrière, même si leur « cote » remonte (23,3 % contre 16,5 %).
Quant à celle des associations, elle monte un peu (47,2 % contre 46 % l’an dernier).
Il faut noter que le pourcentage de personnes déclarant leur confiance dans les syndicats, pour tenter d’agir pour améliorer les conditions de vie, continue, lui aussi, de décroître : 35,8 % en 2017, 29,9 % en 2018 et 25,9 % cette année.
La politique reprend-elle des couleurs ?
Dans ce tableau assez morose, la politique semble remonter en grâce. Ainsi, 22% des Français estiment que leurs gouvernants politiques tentent d’améliorer leur qualité de vie (13,8 % l’an dernier). Ce chiffre monte à 21,8% pour les gouvernants politiques européens (13,8 % en 2018) et les partis politiques passent à 16,4 % contre 8,4 % l’an dernier. Il n’en reste pas moins qu’hommes et partis politiques restent en queue de peloton.
Pour autant, 34,2% des Français pensent que la démocratie fonctionne vraiment très bien en France, contre 27% l’année passée et 45,8% indiquent que le monde politique a encore les moyens de faire bouger les choses.
Et, même si 6 Français sur 10 se considèrent comme non représentés au Parlement européen, ils sont 31% à penser que l’Union européenne permet d’améliorer leurs droits sociaux (en hausse de 7 points).
Michel WieviorkaSociologue
DR
Sur cette remontée du politique, le sociologue Michel Wieviorka estime que « la politique a repris ses droits, malgré la quasi-disparition de la droite et de la gauche classiques. Les Français aiment la politique [...] et commencent à supputer sur les prochaines élections dont la prochaine présidentielle de 2022 ». Pour Roland Berthilier, c’est peut-être aussi dû au fait que la politique est omniprésente en ce moment : élections européennes au printemps dernier et campagne pour les municipales aujourd’hui.
Des difficultés d’accès à un système d’excellente qualité
Les relations avec le système de santé semblent poser problème.
Tout d’abord, donc, moins de Français qu’auparavant semblent avoir confiance dans leur médecin de famille. Cependant, pour Eric Chenut, vice-président délégué de la Mgen, cela n’est pas forcément « de la défiance mais bien plutôt le résultat des difficultés à trouver un médecin » à la suite du numerus clausus instauré dans les années 70 : « Le temps médical disponible se réduit ».
Mais surtout, le pourcentage de ceux qui déclarent avoir renoncé à aller chez un médecin généraliste pour raisons financières a augmenté de 12 points en 4 ans pour atteindre 18,6%.
Concernant l’accès aux soins, 67% des Français estiment que le délai d’attente pour un spécialiste est trop long et 55,4% portent un jugement similaire sur les admissions à l’hôpital (hors urgences et maternité).
Le chiffre de ceux qui estiment qu’il y a suffisamment de structures hospitalières dans leur région (58,9 %) baisse de 11 points en un an et seulement 45,2% considèrent qu’on y trouve suffisamment de professionnels de santé (moins 12 points en 1 an).
L’inquiétude face au coût des médicaments et leur pénurie s’installe : 16,9% ont renoncé à l’achat de médicaments prescrits pour raisons financières au cours des 12 derniers mois (+10 points sur 4 ans) et 23,4% des Français ont dû renoncer à des médicaments en raison de leur indisponibilité.
Pour autant, 61,6% jugent le système de santé français d’excellente qualité (avec une baisse de 8 points cependant). Cette dernière perception est fortement corrélée avec l’âge : 53 % des moins de 40 ans seulement considèrent le système de santé comme étant de qualité. Ils sont 65 % des 40-59 ans à avoir cet avis et 65 % des plus de 60 ans. Ce qui fait dire à Michel Wieviorka qu’en France « les plus âgés sont conscients de vivre plus vieux et en bonne santé grâce aux progrès en matière de santé ».
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