Retraite

Encore une semaine décisive sur le front social ? La question se pose évidemment dès lors que la CFDT entre dans la mobilisation. A priori et sur le papier, ce durcissement de Laurent Berger devrait contribuer à faire monter la pression. Mais pour obtenir quoi ?
Certainement pas le retrait de la réforme puisque – premier paradoxe – la CFDT est favorable à la réforme systémique et à la mise en place d’un grand régime universel en points. Un geste du gouvernement sur l’âge pivot ? Édouard Philippe ne se (...)

 
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    Encore une semaine décisive sur le front social ? La question se pose évidemment dès lors que la CFDT entre dans la mobilisation. A priori et sur le papier, ce durcissement de Laurent Berger devrait contribuer à faire monter la pression. Mais pour obtenir quoi ?

    Certainement pas le retrait de la réforme puisque – premier paradoxe – la CFDT est favorable à la réforme systémique et à la mise en place d’un grand régime universel en points. Un geste du gouvernement sur l’âge pivot ? Édouard Philippe ne se privera pas de mettre Laurent Berger face à ses contradictions. Alors que dans les régimes par points de l’Agirc/Arrco, la CFDT s’est battue depuis des années pour la retraite à la carte et pour l’inscription dans les accords paritaires de la notion d’âge pivot avec dispositif de décote et de surcote, il s’y refuse aujourd’hui dans le futur grand régime universel par points dont il souhaite la mise en place au motif qu’il s’agit d’une mesure budgétaire.

    Ce faisant, il donne une nouvelle fois l’impression de refuser la main tendue du gouvernement sur une possible gouvernance paritaire du système qui redonnerait un peu de lustre et une légitimité nouvelle aux syndicats.

    La CGT tente de se refaire une santé

    En tout état de cause, ce mouvement social tel qu’il se développe est en tous points paradoxal. Incontestablement s’il y a des perdants dans la réforme proposée, ils se situent du côté des professions libérales invitées à contribuer davantage à la solidarité en cotisant sur trois plafonds au lieu d’un seul ; des cadres très supérieurs qui cotisaient sur huit plafonds et qui devront descendre à trois ; des fonctionnaires de catégorie A richement dotés en primes ; des agents des régimes spéciaux (environ 382 000 cotisants et 916 000 retraités).

    Second paradoxe, par conséquent, il ne s’agit pas des catégories sociales généralement considérées comme les plus défavorisées et ce ne sont d’ailleurs pas celles qui défilent en tête des cortèges ou qui entretiennent la paralysie de l’activité.

    Troisième paradoxe, la CGT figure toujours « en tête de gondole » dans les manifestations au motif que dans l’imaginaire collectif, donc dans les médias qui ne font pas preuve d’une folle originalité, ce sont les cheminots qui mènent la danse. Or non seulement ils ne sont « que » 141 000 actifs pour 256 000 retraités qui captent à eux seuls 3,2 Md€ des 7,5 Md€ de la subvention d’équilibre qui sera versée en 2019 par l’État, donc par les contribuables, mais encore le statut de cheminots est sérieusement compromis. Le 1er janvier prochain, entre en vigueur la directive ouvrant le réseau ferré à la concurrence. De sorte qu’après les dockers et le syndicat du livre, c’est un peu le dernier combat emblématique que mène une CGT aujourd’hui presque totalement vidée de ses emplois « à statut ». On rappellera qu’en mai dernier au congrès de Dijon, le secrétaire général Philippe Martinez avait mis en garde ses troupes contre cette perte de “substance”. À l’époque, il n’avait guère été entendu. Il semble l’être davantage aujourd’hui, mais pour combien de temps ?

    Déjà en ordre « de marche » pour la présidentielle de 2022 ?

    Quatrième paradoxe, alors que l’on dénombre 5,2 millions de fonctionnaires actifs et 3, 3 millions de retraités, le secrétaire général de Force Ouvrière, Yves Veyrier donne l’impression d’éprouver des difficultés à faire entendre sa voix. Il y parviendra d’autant plus mal dans les jours qui viennent que, du côté de la police, le gouvernement vient de lâcher du lest. Quant aux enseignants, on les sait trop attachés à leurs congés de fin d’année pour imaginer un seul instant qu’après trois mois d’intense fatigue augmentée par les grèves, ils renoncent à leurs vacances d’hiver qui débuteront en fin de semaine.

    Cinquième paradoxe précisément, alors que Philippe Martinez affirme vouloir pousser des feux en ne respectant pas la trêve de Noël, Laurent Berger de son côté freine des quatre fers. Se souvenant sans doute des déboires rencontrés par Nicole Notat en 1996 physiquement agressée par des militants ultras en colère, Laurent Berger hésitait encore en fin de semaine à descendre personnellement dans la rue dans un cortège distinct des autres organisations.

    Surtout, il a fait savoir haut et fort qu’il fallait respecter la trêve de fin d’année pour permettre aux salariés de passer les fêtes en famille. La CGT dans ces conditions prendra-t-elle le risque de l’impopularité sachant que dans les grandes villes et à Paris la fatigue commence à peser ? Ne prend-elle pas surtout le risque de se faire déborder par les éléments les plus à gauche de toutes les organisations syndicales qui ne reculeront pas à de nouveaux affrontements avec la police ?

    Et puis, comment relancer la négociation ensuite ? La CGT fera-t-elle alors passer la défense des retraites des cheminots avant leur statut, ou l’inverse ? Et qui la suivra sur ce terrain dans un combat perdu d’avance ? La CFDT pourrait évidemment y réfléchir à deux fois en particulier si elle se range à l’analyse de ceux qui voient dans le durcissement d’Édouard Philippe :

    • soit une réponse de « la bergère au Berger », lequel n’a cessé de fustiger ces derniers mois les décisions de l’exécutif sur l’assurance chômage faute d’être parvenu à imposer ses vues au patronat ;
    • soit une opération politique visant à satisfaire l’aile droite de la majorité pour ne pas perdre un électorat qu’Emmanuel Macron ne veut surtout pas voir filer au Front National à deux ans des élections. Semble plaider pour cette seconde explication, ce coup d’accélérateur dans le traitement du dossier retraite que l’exécutif paraît vouloir boucler avant l’été, avec le souci que la réforme produise ses premiers effets en 2021-2022…
    mm
  • Publié le 15 décembre 2019
  • Dépèche n°31547

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