Dans la première partie de l’entretien qu’il nous accordé, Jean-François Tripodi, directeur général de Carte Blanche Partenaires, évoque les effets de la crise du Covid 19 sur l’activité de la plateforme santé qu’il dirige et traite de quelques pistes de développement. Pour lui, « il n’est plus possible, pour un assureur complémentaire, de répondre à un appel d’offres collectif sans proposer un réseau ».
Tout d’abord une question d’actualité. L’activité de Carte Blanche Partenaires est-elle affectée par la crise sanitaire ?
Il y a un impact direct sur la prise en charge des bénéficiaires. Je peux vous donner quelques chiffres. À titre d’exemple, le mardi 10 mars, nous avons traité 11 794 prises en charge en optique. Le mardi suivant, nous en avons compté 654.
En dentaire, aux mêmes dates, le nombre de prises en charge est passé de 52 à 2 et, en audioprothèse, de 72 à 13.
Dans les jours qui ont suivi, quelques opticiens ont été sollicités en urgence par des bénéficiaires, par exemple pour des lunettes cassées. Comme toutes nos prises en charge sont dématérialisées, cela n’a pas posé de problème.
Aujourd’hui, les demandes de prises en charge sont proches de zéro.
Pour ce qui est de l’impact sur l’entreprise elle-même, nous avions anticipé. Le plan de continuité de l’activité a été lancé le lundi 16 mars. Il avait été testé, en partie, durant les grèves de décembre. Notre plateau téléphonique, d’une vingtaine de personnes, est donc parfaitement opérationnel en virtuel.
Toutes les complémentaires, ou presque, proposent aujourd’hui des réseaux de soins en dentaire, optique ou audioprothèse. Quelle différence pour l’adhérent ?
En individuel, c’est l’assureur qui choisit le réseau avec lequel il contractualise. En collectif, c’est différent. Tout d’abord, il n’est plus possible, pour un assureur complémentaire, de répondre à un appel d’offres collectif sans proposer un réseau. Ensuite, une tendance que l’on voit naître, c’est que l’entreprise choisit un réseau et précise, dans son appel d’offres, quel est le réseau dont doivent bénéficier ses salariés. C’est ainsi, par exemple, qu’Orange nous a choisis, avant de choisir son assureur.
Votre réseau est-il utilisé systématiquement par les personnes couvertes par vos clients ?
En ce qui concerne le réseau optique, une fois sur dix, seulement, un assuré de l’un de nos clients va chez un opticien qui n’est pas membre de notre réseau.
Vous avez lancé, en juillet 2016, les montures de marque 1796 et l’offre optique Carte Blanche-Prysme (voir Fil-Social n°16960) et (voir Fil-Social n°27295). Comment ces lunettes se positionnent-elles par rapport à d’autres offres, comme celle, par exemple, lancée par le groupe Vyv ?
Vous parlez de ce qui est une marque de distributeur, comme celles d’autres réseaux de distribution commerciaux. Cela n’a rien à voir avec ce que nous avons fait. Nos montures sont distribuées par les 7 700 opticiens du réseau Carte Blanche.
Il s’agit d’une offre packagée zéro dépense, composée d’une monture de marque 1796 de fabrication française et de verres sélectionnés parmi les plus grands verriers mondiaux. Une offre zéro dépense, certes, mais une offre de très haute qualité pour l’ensemble de nos bénéficiaires.
Dans vos projets, avez-vous celui de contractualiser avec un réseau de cliniques ?
C’est un chantier ouvert. Nous sommes en attente du déploiement de Roc [Remboursement des organismes complémentaires] qui doit permettre la dématérialisation des prises en charge de la prestation dans les établissements de soins.
Avez-vous d’autres projets que vous pouvez évoquer ?
Nous travaillons sur des possibilités de consultation à distance avec les orthoptistes en lien avec des ophtalmologues. Nous avons l’accord de la Cnam et du ministère. Il faut finaliser le modèle financier du remboursement. L’idée est de faciliter l’accès à une consultation pouvant donner accès à une prescription de lunettes, mais avec toute la sécurité médicale de détection d’une pathologie.
Nous avons aussi lancé un projet avec les pharmaciens sur la prise en charge au premier euro de médicaments sans ordonnance en tiers-payant, mais surtout avec un conseil personnalisé du pharmacien et des paniers de médicaments selon les symptômes.
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