Dans la seconde partie de l’entretien qu’il nous accordé (voir Fil-Social n°32535), Jean-François Tripodi, directeur général de Carte Blanche Partenaires, traite des effets de la mise en place du 100 % Santé (beaucoup plus sensibles en dentaire qu’en optique) et décrit le mécanisme du service « Mon Devis décrypté », qui sera lancé en avril et dont l’objectif est d’expliquer « à l’assuré les différentes possibilités qui s’offrent à lui dans le cadre du 100 % Santé ».
Indépendamment de la crise actuelle, avez-vous ressenti les effets de la mise en place, progressive, du 100 % Santé (voir Fil-Social n°32376) ?
En optique, en janvier et février, 9 % des prises en charges dans notre réseau relevaient du 100 % santé. Pour la moitié intégralement et, pour l’autre, il s’agissait de paniers mixtes, moitié panier A, moitié panier B. Ce sont, je le précise, des chiffres de prises en charge réelles et non de devis.
Ce qui signifie que 91 % des achats se font hors panier 100 % Santé.
En dentaire, nous observons un mouvement de vases communicants entre le panier à honoraires libres et celui du 100% Santé : 40% des actes dentaires entrent dans le 100 % Santé, alors qu’ils n’étaient que de 28% entre le 1er avril, date de la mise en place du 100 % Santé, et la fin de l’année. Parallèlement, pour ce qui est du panier à honoraires libres, les pourcentages sont passés de 38 % à 27 %. Quant aux actes relevant du panier à honoraires maîtrisés, ils sont passés dans le même temps de 34 à 33 %, avec donc une certaine stabilité.
En audioprothèse, il faudra attendre l’an prochain pour avoir une idée réaliste de l’évolution et en tirer des conclusions. L’obligation de prise en charge intégrale par les complémentaires des aides auditives de classe 1 n’interviendra qu’en janvier 2021.
Comment expliquez-vous ces résultats ?
Pour l’optique, tout simplement parce que la population n’avait pas besoin d’un 100 % santé. Il n’y avait pas vraiment de demande. D’autant qu’il était déjà possible de trouver des équipements sans reste à charge, ou avec un reste à charge peu élevé, après intervention de l’organisme complémentaire, bien entendu. C’était encore plus vrai pour ceux qui bénéficiaient des prestations d’un réseau, comme le nôtre, avec une optimisation de la garantie souscrite. En outre, les gens se posent des questions sur la qualité des produits relevant de la réforme 100 % Santé ; là encore grâce à notre réseau de 7.700 opticiens nos bénéficiaires peuvent accéder depuis 2016 à notre offre sans RAC très qualitative « Carte Blanche Prysme ». Et, aujourd’hui, la très grande majorité des contrats prennent en charge au-delà de ce panier.
En dentaire, je pense que tout le monde joue le jeu, même si c’est compliqué pour le patient de tout comprendre.
Dans le domaine de l’audioprothèse, en revanche, je pense que cela devrait « éclater » l’année prochaine. Il y a une forte demande potentielle et les audioprothèses étaient restées trop onéreuses pour les assurés.
Vous allez lancer un nouveau service, « Mon devis décrypté » (voir Fil-Social n°32284). Dans quel but ?
Ce service est destiné à expliquer à l’assuré les différentes possibilités qui s’offrent à lui dans le cadre du 100 % Santé.
En optique, c’est relativement facile à comprendre, mais l’assuré a besoin de pouvoir comparer en bonne connaissance.
En dentaire, c’est beaucoup plus compliqué, l’assuré a besoin d’aide pour connaître les possibilités et les niveaux de remboursement liés.
En optique, avec le devis normalisé que le professionnel de santé doit fournir, le client doit faire un choix entre des lunettes du panier réglementé sans RAC et des lunettes du panier libre. En dentaire, le chirurgien-dentiste doit indiquer sur le devis le plan de traitement qu’il propose avec les matériaux qu’il préconise, mais il doit aussi, au cas pas cas, indiquer les alternatives de matériaux rentrant dans les paniers sans RAC ou avec un RAC maîtrisé, le patient doit décider. Tout cela semble un peu compliqué et opaque pour un assuré, qui ne maîtrise ni la technique, ni les coûts et les remboursements de ces techniques.
Le premier bénéfice apporté par Mon Devis Décrypté est de faciliter au patient la lecture et l’analyse de son devis et, ainsi, de lui permettre de faire le choix le mieux adapté à sa situation. Nous présentons toutes les solutions techniques, les matériaux, adaptés à ses besoins. Besoins définis par le professionnel de santé, bien entendu.
Le 2e axe de Mon devis décrypté est de faire des comparaisons par rapport aux prix : avec un reste à charge similaire, plus élevé ou moindre, voire sans reste à charge, que pourrait obtenir notre bénéficiaire et qui corresponde à ses besoins. Les prix que nous avons négociés avec notre réseau servant de référence.
Je pense, cependant, que le reste à charge n’est pas toujours l’unique critère que le patient prend en compte. Cela peut être l’esthétique, la durabilité d’un implant, etc.
L’usage de ce nouveau service est extrêmement simple. Le patient scanne ou photographie le devis normalisé et nous l’adresse en ligne en passant par l’espace client de sa complémentaire. Il reçoit quasi immédiatement le devis décrypté.
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