Si la bascule vers le télétravail a été rapide pour les organismes de protection sociale, qu’ils soient de base ou complémentaires, il n’est pas acquis que le déconfinement soit synonyme de retour rapide à la normale. Rien ne sera plus vrai que le terme « progressif » du plan gouvernemental. Et ce pour plusieurs raisons.
Les salariés, souvent très mobilisés pendant cette période de confinement affirment à la fois une grande fatigue et une crainte du retour aux postes de travail. Plusieurs sondages montrent en effet que le télétravail a été source de stress. Ainsi, l’institut CSA indique pour Linkedin que 23 % des salariés déclarent avoir été proches du burn-out, dont 46% des jeunes de 18-24 ans, et 36 % se déclarent plus stressés.
La perspective du déconfinement est anxiogène pour 58 % des Français selon la même étude. Pour autant, 64 % aimeraient pouvoir davantage télétravailler à l’avenir.
Une autre étude, menée par l’entreprise d’intérim Mistertemp auprès des 645000 personnes en contact avec le groupe, montre que 34 % des personnes consultées ne souhaitent pas reprendre le chemin du travail tout de suite. Outre la peur de contracter le virus, 60% craignent des mauvaises conditions de travail, et pour 15% d’entre eux, devront se confronter à des problématiques de garde d’enfants.
D’après l’étude, 40% estiment raisonnable de reprendre le travail qu’à partir du mois de septembre pour éviter une potentielle seconde vague de propagation du virus.
Pour les structures, la problématique de santé est omniprésente. Après avoir réussi, pour la plus grande majorité, la bascule sur le travail en portes closes, la question est de savoir comment elles pourront garantir l’application des gestes barrière et échapper au risque santé. Ainsi, se posent des questions sur les conditions de déplacement du domicile au poste de travail, surtout dans la perspective de l’éventuelle reconnaissance du covid-19 comme maladie professionnelle.
De nombreux acteurs du complémentaire prévoient donc une reprise très progressive des activités dans les murs, et n’excluent pas des réflexions sur les évolutions possibles des modes de travail.
Si on peut regretter l’affaiblissement du lien humain dans la période de confinement, il semble évident à tous que la digitalisation des activités a fait un bon en avant.
La situation n’est pas propre au secteur, il suffit pour s’en convaincre de lire la presse du week-end. Certaines organisations affichent une grande prudence, en attente de progrès significatifs au plan sanitaire. C’est le cas, par exemple, de l’OCDE, qui ne prévoit qu’un retour dans les locaux parisiens limité à 10 % de ses effectifs et seulement en juin. Le plan de l’organisation internationale repose sur un calendrier s’étendant jusqu’à la fin de l’année, et plus puisqu’elle ne prévoit un retour à la normale que d’ici un an. Et la normale ne sera pas celle d’avant puisque, déjà, le recours à la visioconférence viendra supplanter le présentiel pour nombre de réunions. Avec pour conséquence immédiate une hausse de la productivité (évaluée par ailleurs à 14%), et un effet sensible sur les frais de déplacement.
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