Le 30 juin, à l’occasion d’une conférence de presse du groupe Vyv consacrée au « bilan et perspective » face la crise, ses dirigeants ont détaillé la position du groupe face à la demande gouvernementale du 5 juin de « participation financière aux coûts des mesures de prise en charge à 100 % de certaines dépenses par l’ assurance maladie et des différentes mesures d’aides ou de soutien mises en place au profit des professionnels et établissements de santé » (voir Fil-Social n°33132).
Résumant cette position, Thierry Beaudet, président de Vyv, pose comme principe que les mutuelles, Vyv en particulier, « n’ont pas vocation à faire des bénéfices du fait de cette crise ». Mais il « souhaite que n’apparaisse pas, dans les prochaines semaines, des mesures qui ne laissent pas le temps de faire la vérité des prix ».
Pratiquement, il considère, tout d’abord, « comme normal de rembourser, dès à présent, les sommes que l’assurance maladie a dépensé pour le compte » des organismes complémentaires : le ticket modérateur normalement remboursée par ces derniers sur le coût des téléconsultations, des tests sérologiques et des hospitalisations liés à la Covid-19.
Pour le reste, se positionnant dans « une logique de transparence », il indique que Vyv allait « travailler à livre ouvert pour faire le bilan entre gains et pertes » pour, ensuite, pouvoir proposer, négocier, une participation financière aux pouvoirs publics. Une participation financière raisonnable, compte tenu de ce bilan car « il ne faudrait pas qu’à la crise sanitaire succède une crise de l’accès aux soins, due à la fragilisation des structures [mutualiste] », qui pourraient être dues à des demandes gouvernementales déraisonnables.
Du temps pour mesurer pertes et gains
Aujourd’hui (voir Fil-Social n°33085), explique Stéphane Dedeyan, le directeur général, « le choc boursier a causé un choc sur le bilan de Vyv, d’environ 10 points du ratio de solvabilité. Ce choc, significatif, est absorbable ».
Cependant, en matière d’assurance, il observe, en négatif, l’augmentation des prestions en prévoyance et prévoit une hausse conséquente des coûts de la portabilité (liés au nombre d’entreprises en défaillance et au nombre de licenciement) et, également, une baisse du chiffre d’affaires, liée, là aussi, à la baisse de l’emploi.
Autre pertes, celles de Vyv3, en optique, dentaire, etc, où l’activité s’est très fortement réduite. Stéphane Junique, président de cette dernière structure, donne ainsi quelques chiffres qui illustrent « une baisse significative d’activité » : en un mois, en dentaire une baisse de 50000 personnes soignées dans les cabinets, en optique, de 40 000 et en audioprothèses, de 2 3000 personnes non équipés par les centres de Vyv3. Le tout par rapport à la normale
Parallèlement, reconnaît Stéphane Dedeyan, « il y a eu des gains » : en particulier une baisse des prestations en santé de l’ordre de 16 % .
Quant au futur, les intervenants se montrent fort inquiets en ce qui concerne les rattrapages des soins non effectués durant la crise : « Plus on retarde les soins, plus ils coûtent cher » car l’état de santé du patient s’est aggravé, explique Thierry Beaudet.
Pour bien mesurer « l’impact réel » de la crise sur les mutuelles du groupe, il faut donc du temps. Ce qu’explique Stéphane Dedeyan, pour qui ce « calendrier de la transparence », pour être réaliste, ne peut se faire qu’en trois étapes : fin juin, il est possible de connaître ce qui aurait dû être à la charge de Vyv (100 millions d’euros, estime-t-il) dans ce que la Cnam a pris en charge à 100 % ; fin décembre, le groupe pourra mesurer l’effet des reports de soins, et, fin mars 2021, l’effet de l’aggravation de la portabilité et faire un bilan global.
Mais, « le temps de la transparence est-il le temps du politique ? », s’interroge Thierry Beaudet. C’est toute la question, en effet.
On remarquera, in fine, que Thierry Beaudet, lors de cette conférence précisera plusieurs fois qu’il parle comme président de Vyv et non comme président de la Mutualité française. On peut, cependant, se poser la question de savoir si la position officielle de la fédération mutualiste sera très différente.
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