Thierry Beaudet-FNMF

La Mutualité n’est pas soluble dans l’assurance (et autres réflexions post-crise)

Le président de la Mutualité française, Thierry Beaudet, a publié en juillet Journal d’une crise (voir Fil-Social n°33421). Dans cet ouvrage, écrit comme son titre l’indique, au jour le jour durant le confinement, il décrit aussi bien l’action des mutuelles durant la période que l’état de ses réflexions sur l’organisation du système de santé.

Le président de la Mutualité française, Thierry Beaudet, a publié en juillet Journal d’une crise (voir Fil-Social n°33421). Dans cet ouvrage, écrit comme son titre l’indique, au jour le jour durant le confinement, il décrit aussi bien l’action des mutuelles durant la période que l’état de ses réflexions sur l’organisation du système de santé.
Tout d’abord, bien entendu, pourquoi avoir écrit ce livre ?
Au-delà des échanges que l’on pouvait avoir avec ses proches ou ses collaborateurs par téléphone, via (...)

 
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    Tout d’abord, bien entendu, pourquoi avoir écrit ce livre ?

    Au-delà des échanges que l’on pouvait avoir avec ses proches ou ses collaborateurs par téléphone, via internet, etc. le confinement incite à l’introspection, à la réflexion.

    Il m’a semblé utile de laisser une trace de ces réflexions, d’autant que, comme il s’agissait d’une crise sanitaire, la Mutualité et les mutuelles, se sont retrouvées en première ligne. Et elles n’ont pas démérité.

    Vous critiquez, dans le livre, la centralisation en matière de santé. Que préconisez-vous ?

    La crise a prouvé qu’il faut faire confiance aux acteurs de terrain. Les acteurs, ce sont, au premier rang, les hospitaliers, médecins, infirmiers, aides soignants, etc. qui ont su sortir d’un carcan administratif pour trouver des solutions. La gouvernance de notre système hospitalier apparaît à la fois trop centralisée, trop complexe et trop financière. 

    Parmi les acteurs, il y a, bien entendu aussi, les médecins de ville, l’ensemble des professionnels de santé et tout le secteur privé hospitalier, particulièrement le non-lucratif.

    Je pense, en effet, aux multiples initiatives prises par les établissements mutualistes, dont je donne nombre d’exemples dans le livre.

    L’ensemble de leurs actions a montré l’importance des acteurs de terrain, et de la territorialisation à l’opposé de la centralisation.

    Cependant, même s’il y a de nombreux axes de réforme à mettre en œuvre, il faut constater qu’au final, toutes les personnes atteintes par cette pandémie ont été prises en charge.

    Notre système de protection sociale a répondu « présent » et les complémentaires, les mutuelles, ont également répondu « présent ».

    Certains estiment, comme Guy Vallencien dans Les Echos au mois d’août, que le confinement a prouvé que les dépenses indues en matière de santé étaient considérables (voir Fil-Social n°33434). Partagez-vous cette opinion ?

    La Mutualité française a été constante dans ses prises de parole à ce sujet. Tout d’abord, nous disons que, dans notre pays, les dépenses de santé vont continuer d’augmenter. Tout simplement parce que la demande de santé augmente.

    Aujourd’hui, on a recours beaucoup plus souvent qu’autrefois au système de santé.

    En outre, nous pensons qu’il faut considérablement mieux financer certains secteurs, comme l’hôpital, comme l’Ehpad, qui étaient, on l’a vu, exsangues bien avant cette crise sanitaire. On peut, aussi, penser à certains professionnels de santé qui sont, de fait, sous-payés et qui malgré tout ont rempli leur tâche admirablement.

    C’est ce que prévoit le Ségur de la santé. Nous nous en réjouissons.

    En fait, le système de santé a besoin d’investissements. On atteint les limites d’une forme de régulation comptable.

    Il faut investir dans le système afin de le transformer et de l’améliorer.

    Mais il faut aussi que chaque euro investi soit dépensé utilement. Il faut réorganiser le système pour mieux dépenser. Cependant, les dépenses de santé vont continuer à croître.

    Vous appelez à la « démocratie sanitaire » ? Qu’entendez-vous par là ?

    Naturellement, en matière de santé, il faut s’appuyer sur la compétence, sur les experts.

    Mais, pour prendre des décisions, il faut associer l’ensemble des parties prenantes.

    Je prends un exemple. Quand a été créé le conseil scientifique sur la Covid-19, à aucun moment, on y a associé les patients, les aidants, les usagers.

    La démocratie dont je parle suppose la participation, l’association des personnes qui sont concernées par le sujet traité.

    Les gens ne peuvent pas être spectateur de ce qui les concerne.

    Je pense donc qu’il faut associer aux experts les représentants des patients, des malades.

    Cependant, vous posez le problème du manque de confiance des Français, en matière de santé, envers le gouvernement, les institutions, voire la médecine. Pourquoi, alors voudraient-ils être associés, d’une façon ou d’une autre, à ces décisions ?

    C’est une raison de plus pour qu’ils y soient associés dès le départ !

    Ce que je déplore, c’est que, me semble-t-il, nous sommes en train de passer d’un monde de la raison à celui de la croyance. Aujourd’hui, on croit ou l’on ne croit pas. Une information est vraie parce qu’elle est crue. Le côté mesurable passe au second plan.

    Sans vouloir polémiquer, c’est ce qui s’est passé avec l’ hydroxychloroquine. C’est un véritable danger. Par ailleurs, comme je l’écris, « si un vaccin était trouvé contre le Covid-19, 26 % des Français interrogés refuseraient de se faire vacciner ! ».

    La Mutualité ne devrait-elle pas lutter contre cette tendance ?

    Nous le faisons. Par exemple la Mutualité est très engagée pour promouvoir la vaccination.

    Vous écrivez que « la santé humaine reste le meilleur indicateur de la qualité de l’environnement  ». Que voulez-vous dire par là ?

    La bonne santé dépend de beaucoup d’autres déterminants que des seules politiques de santé. On peut penser à la question des logements insalubres, à la question de l’alimentation, aux conditions de travail ou de chômage, à l’exposition à des pesticides, aux particules fines, aux perturbateurs endocriniens, etc.

    Il faut prendre en compte cette dimension environnementale de la santé.

    La Mutualité est l’un des fondateurs du Pacte du pouvoir de vivre pour réconcilier urgences sociale et environnementale (voir Fil-Social n° 303848). Ce n’est pas pour rien.

    Vous faites de nombreuses mentions de l’action des mutuelles durant la crise. Mais vous parlez plus des établissements ou des services mutualistes que de l’assurance maladie complémentaire, plus du Livre III que du Livre II. Pourquoi ? Pensez-vous que ce sont ces services qui différencient les mutuelles de la concurrence ?

    J’ai toujours dit que la Mutualité n’était pas soluble dans l’assurance. Même si elle en prend une part conséquente, l’action des mutuelles ne s’est jamais résumée à l’activité d’assurance.

    Il suffit de voir l’importance des actions de prévention, l’importance des actions de conseil, menées par les organismes mutualistes ainsi, que, bien entendu, l’importance des établissements de soins, des établissements pour personnes âgées, pour handicapés.

    Cette offre de services n’est pas une question de concurrence, elle est consubstantielle aux mutuelles, depuis leur création.

    Les mutuelles de livre II ont fait leur métier, comme l’ensemble des organismes complémentaires, peut-être un peu plus en ce qui concerne les mutuelles. En remboursant ce qui devait l’être, bien entendu mais aussi en proposant des facilités de paiement aux entreprises en difficulté, voire, parfois, en annulant ces dettes, en les appelant pour connaître leurs difficultés et aussi, en ce qui concerne les individus, en prenant des nouvelles des personnes que l’on pouvait considérer à risque, etc.

    Quant aux établissements de soins et services mutualistes, ils ont été remarquables, en se mettant, d’emblée à la disposition des autorités sanitaires, en organisant, dans les Ehpad ou les établissements pour handicapés la vie des pensionnaires de façon optimum. Là aussi, les exemples sont nombreux.

    mm
  • Publié le 9 septembre 2020
  • Mise à jour: 10 septembre 2020
  • Dépèche n°33530

pastille cfc

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