Si « on ne s’improvise pas candidat à la Mairie de Paris trente jours avant le scrutin », comme le commentent les nouveaux opposants d’Agnès Buzyn, la question pourrait se poser à destination d’Olivier Véran, qui lui succède au ministère. En effet, sa nomination intervient à la veille de l’ouverture des débats sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, et dans un contexte de troubles profonds à l’hôpital.
Pour autant, Olivier Véran a plusieurs atouts dans son profil. Il incarne une nouvelle génération de responsables politiques (il est né en 1980). A 32 ans, praticien hospitalier, il s’engage en politique lors des élections législatives de 2012 aux côtés de la socialiste Geneviève Fioraso qui deviendra alors ministre de François Hollande, ce qui lui confère le même ancrage à gauche qu’Agnès Buzyn. Il occupe son siège à l’Assemblée entre 2012 et 2015, où il suit particulièrement les dossiers relatifs à la santé. Il sera élu Conseiller régional en 2015.
En 2017, il soutient Emmanuel Macron et devient son référent santé pendant la campagne. En 2018, il se distingue par le remplacement du terme « Sécurité sociale » par « protection sociale », ce qui génèrera la défiance de certains acteurs qui voient là le signe d’une mise sous tutelle des activités des organismes privés œuvrant dans le secteur.
L’hôpital, il en connaît les difficultés : il a été porte-parole de l’Intersyndicat national des internes des hôpitaux pendant la grève nationale des internes de l’automne 2007. Et il connaît bien le plan récemment proposé qu’il a accueilli très positivement. Mais il aura fort à faire pour calmer les esprits dans un système hospitalier que les annonces de mesures n’arrivent pas à calmer.
Par contre, il apparaît aux yeux de plusieurs responsables syndicaux des professions de santé comme très "hospitalo-centré" et certaines de ses propositions ont déjà fait grincer des dents chez les professionnels libéraux.
D’autres gros dossiers l’attendent, tel que celui du grand âge et la dépendance. Il s’est déjà exprimé sur le volet financier, notamment en suggérant en septembre que les ressources de la Cadès soient affectées, après sa mise en extinction, à la réponse de la société à ces enjeux.
Même si on écarte le dossier du coronavirus qui, selon l’Elysée, est parfaitement géré par la Direction générale de la Santé une chose s’impose : l’avancement des dossiers gérés par Agnès Buzyn imposera beaucoup d’engagements du nouveau Ministre. En d’autres termes, le numéro de haute voltige présenté par les commentateurs politiques à l’occasion de l’arrivée d’Agnès Buzyn sur le terrain électoral pourrait bien ne pas concerner seulement Paris, mais également la rue Duquesne...
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