Tout comme la Cnam a pu, dans ses derniers tableaux de bord, mettre en exergue une diminution, contrastée, des dépenses admises au remboursement, une étude [1] menée par le courtier Gerep mesure l’impact de la pandémie sur les prestations complémentaires ouvertes au titre des contrats collectifs, santé et prévoyance. L’étude porte sur la période du 20 janvier au 27 avril et se réfère à la même période de l’année dernière.
Le courtier constate, sans grande surprise, un net recul des prestations en santé, même si cette deuxième vague fait apparaître une reprise en fin de période. Les remboursements accusent une baisse de 29 % par rapport à la période de référence. La baisse a surtout été significative à partir du début du confinement, le 16 mars : la première semaine, la baisse a été de 67 %, suivie de quatre semaines à -77 %. Signe que les Français ont entendu les messages (gouvernementaux ou des représentants des professions de santé), la tendance s’est freinée à partir de la semaine du 21 avril où le courtier enregistre une légère reprise de la consommation médicale (la baisse n’est plus que de 65%)
Les soins courants, comme la Cnam s’en était inquiétée, ont connu une baisse sensible : en moyenne 24,5 % pour les généralistes (58 % au plus fort) et 25 % pour les spécialistes (79 % au plus fort). Le courtier enregistre une reprise à partir du 21 avril : l’inflexion n’est plus que de -42 % pour les généralistes et -40 % pour les spécialistes.
Le courtier précise qu’en optique, la baisse des premières semaines de l’année est imputable aux plafonnements entrés en vigueur le 1er janvier. Dans cette période, la baisse enregistrée est de 32 % en moyenne. L’optique connaît un décrochage massif à partir du confinement (-90 % de la consommation de référence). L’étude relève que, contrairement aux consultations, la dépense optique reste quasiment nulle sur la dernière semaine analysée.
En dentaire, l’évolution est assez semblable, à une différence notable : après les premières semaines de l’année, marquées par un tassement lié au 100 % Santé, le décrochage est total avec la fermeture des cabinets dentaires à partir du 16 mars : -90 % la première semaine -98 % la semaine du 6 avril puis 100 % à partir du 6 avril. Mais on enregistre une reprise de la consommation la semaine du 21 avril (le dénivelé n’est plus que de 79%).
En pharmacie, l’évolution est toute autre, avec une baisse plus limitée à 8 % sur la période. Jusqu’à début avril, le confinement n’a pas d’impact, l’évolution des dépenses moyennes étant de +1,5 %. Coup de frein pour les trois dernières semaines étudiées, avec -26 % des dépenses.
L’incertitude pèse sur l’hospitalisation. « Il conviendra de voir si le report des hospitalisations prévues non urgentes aura un impact sur le second trimestre ou au-delà lors de la reprise d’activité hospitalière. L’écart constaté semble faible au regard des effets d’annonce sur ce point » indique l’étude.
De façon globale, hors effet de rattrapage,GEREP évalue l’impact actuel sur la consommation annuelle à une baisse de 8%. Mais le courtier estime que le rattrapage interviendra, sans préciser son ampleur.
La prévoyance quant à elle, va connaître des tensions importantes. D’abord parce que le nombre de déclarations d’arrêt de travail augmente de 50% en mars et de 100% en avril par rapport à une moyenne mensuelle. Ensuite parce que le recours au chômage partiel coûte cher en termes de cotisations : 300 millions en prévoyance et 99 millions en santé.
« Les contrats auront aussi à absorber dans les prochaines semaines les impayés de cotisations et le coût de la portabilité des droits si une vague de licenciement massif devait intervenir », indique Damien Vieillard-Baron, Président de Gerep.
mm