Jean Picot qui fut directeur général de l’Arrco de 1987 à 1997 est décédé dans sa 88ème année. Polytechnicien X52, il avait fait toute sa carrière dans la protection sociale. Il avait débuté comme commissaire contrôleur à la direction des assurances du ministère des Finances, où il fait la connaissance de Paul Hecquet. Ce dernier, qui deviendra le premier directeur général de l’Arrco en décembre 1961, fait appel à ses services et à ses compétences d’actuaire pour en faire son directeur technique entre 1962 et 1973. À cette date, il devient délégué général du Bureau commun de prévoyance collective, qui regroupe cinq caisses de retraite cadre, cadres supérieurs et non-cadres (actuel groupe B2V). Il va y rester jusqu’en 1987.
Réputé pour son expertise, mais aussi pour ses grandes qualités de pédagogue, il se voit confier la tâche, ô combien délicate, en 1983 de chiffrer le coût pour les régimes complémentaires de l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans. Avec son président, Antoine Faesch (Force Ouvrière), il ’invente’ l’ASF (Association pour la structure financière, qui deviendra AGFF), qui permet aux bénéficiaires des régimes de retraite complémentaire de partir en retraite à 60 ans avec leurs droits, alors que le CNPF d’Yvon Gattaz maintient officiellement l’âge de départ en retraite à 65 ans.
En 1987, après les états généraux de la Sécurité sociale organisés par Jacques Chirac et son ministre des Affaires sociales, Philippe Séguin, il fait partie d’un comité des sages de six membres (Jean Bernard, Gérard Calot, Jean Choussat, Pierre Laroque et Simon Nora) qui vont remettre un rapport au gouvernement. Ce travail conclut à la nécessité d’indexer les pensions sur les prix et non plus sur le salaire moyen, mesure que prendra immédiatement Philippe Séguin.
Le 1er juillet 1987, Jean Picot prend très logiquement la suite de Paul Hecquet à la direction générale de l’Arrco qui n’aura connu en plus d’un demi siècle que trois directeurs. Le régime des non cadres sera, sous sa houlette et celle de son compère, l’actuaire Jacques Amzallag, la première à ouvrir le bal des négociations triennales débouchant sur l’accord du 10 février 1993, tout en poursuivant l’élargissement du périmètre du régime amorcé par son prédécesseur. Il passera la main le 1er janvier 1997 à Jean-Jacques Marette qui prolongera les démarches de convergences de ses prédécesseurs pour concrétiser, le 1er janvier 1999, le passage de l’Arrco au régime unique, prélude à la fusion Agirc-Arrco du 1er janvier 2019.
De Jean Picot, toutes les personnalités que nous avons interrogées conservent le souvenir d’un homme doux, chaleureux et infiniment modeste. Fidèle en amitié, extrêmement compétent, il était toujours disponible pour partager ses connaissances et faire profiter les autres d’un savoir que nous savions tous immense.
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