Et si l’on en revenait à une vraie solidarité

La violence prendra-t-elle le pas sur le dialogue social ? N’est-ce pas là le résultat d’une lente évolution ? Comment revenir à une situation plus acceptable ? Analyse.

La violence prendra-t-elle le pas sur le dialogue social ? N’est-ce pas là le résultat d’une lente évolution ? Comment revenir à une situation plus acceptable ? Analyse.

 
Nos articles sont réservés aux abonnés
Vous êtes abonné ?

Connectez-vous en utilisant ce formulaire.

  • Vous pouvez réinitialiser votre mot de passe en cliquant sur le bouton vert du formulaire (mot de passe oublié)
  • Après connexion, vous pouvez accéder aux données de votre compte, en cliquant dans le cartouche situé en haut et à droite de votre écran, sur ordinateur et tablette, en bas de page sur smartphone)
Pas encore abonné ?

Vous pouvez souhaiter :

L'auteur

L'article

  •  

    Aucun des incidents qui se sont succédé ces derniers jours – attaque des locaux de la CFDT, insultes envers le couple Macron à sa sortie du théâtre des Bouffes du Nord, incendie, vraisemblablement criminel, de la terrasse du Café La Rotonde – n’est grave en soi même s’ils tous sont inacceptables dans une démocratie. Mis bout à bout, ils témoignent d’une montée d’une violence qui n’a pas sa place dans le débat social. D’autant moins, d’ailleurs, qu’elle n’a plus lieu d’être dès lors que la place est donnée à la négociation par le gouvernement et une partie des syndicats.

    Ces incidents à répétition apparaissent comme le résultat d’une incapacité des organisations syndicales, dites «  représentatives  », à imposer leurs mots d’ordre. Est-ce une surprise ? Certainement pas, pour qui se souvient comment Philippe Martinez avait été bousculé physiquement dans la rue le 1er mai dernier, puis verbalement quinze jours plus tard, par ses propres troupes, à son congrès de Dijon.

    Certainement pas, pour ceux qui ont observé le suivisme discret d’Yves Verier, patron complètement transparent d’une confédération Force Ouvrière qui, depuis le départ de Pascal Pavageau, navigue comme un bateau ivre entre toutes les nuances du trotskisme, des lambertistes aux anarchosyndicalistes.

    Certainement pas, pour ceux qui se souviennent que l’Unsa est une coalition de syndicats autonomes qui, n’étant pas confédérés, sont donc peu maîtrisables. Laurent Lescure en fait actuellement l’expérience à la RATP.

    Certainement pas à la CFDT, qui s’est elle-même mise en difficulté dès lors que pour conserver sa représentativité à la SNCF elle a cherché à se renforcer en «  fusionnant  » avec la toute petite FGAAC (Fédération générale autonome des agents de conduite). Cette dernière n’entend pas aujourd’hui se laisser dicter sa conduite par la confédération de Laurent Berger. Sans craindre un mauvais jeu de mots, observons qu’en l’espèce le secrétaire général de la CFDT a lui-même fait entrer le loup dans sa bergerie…

    Alors qu’on ne pouvait que se féliciter de voir le gouvernement retrouver le chemin du dialogue social avec les syndicats, force est donc de constater que ces derniers ne sont souvent plus en capacité d’imposer à leurs troupes la recherche d’un compromis indispensable. Soit parce qu’ils ne disposent plus des effectifs suffisants pour se faire entendre et imposer dans les discussions des décisions impopulaires. Soit qu’en poussant sur des positions jusqu’au-boutistes – «  le retrait et point barre  » – ils s’interdisent d’eux-mêmes toute solution de replis. On en est là aujourd’hui avec à la clé deux grandes incertitudes. La CFDT et l’Unsa parviendront-elles à se faire entendre de leurs troupes alors qu’à quatre jours du conseil des ministres, qui doit approuver le projet de loi de réforme des retraites, la CGT et FO vont se croire obliger de faire croître la tension ? À supposer qu’ils y parviennent, auront-ils ensuite une légitimité suffisante pour négocier sur des sujets aussi sensibles que le financement à terme du système universel, la prise en compte de la pénibilité ou les fins de carrière ?

    On prendra la mesure du changement qui s’est opéré ces trente dernières années dans ce champ social en rappelant qu’à partir de 1991 et la publication du Livre blanc sur les retraites de Michel Rocard, plus d’une centaine de régimes spéciaux de retraite, qui se savaient condamnés par une démographie dégradée, ont négocié leur intégration dans le régime de l’assurance vieillesse et les régimes complémentaires Agirc et Arrco. Aucune manifestation hostile en 1993, par exemple, n’a accompagné l’intégration de la CPPOSS, la caisse des personnels des organismes de la Sécurité sociale déjà en grande difficulté. Aucune manifestation hostile, sauf peut-être à la Société marseillaise de crédit, n’a fait opposition à l’intégration des treize régimes bancaires dans l’interprofession. Il en a été de même, toujours en 1993, pour les régimes des personnels au sol d’Air France et des sociétés d’assurances… Et combien d’autres…

    Dès lors, pourquoi ce qui a été bien vécu à l’époque par les intéressés, ne le serait-il pas aujourd’hui ? Qui empêche de garantir, comme on l’a fait dans des régimes additionnels au régime de droit commun, aujourd’hui un grand régime universel en points, des avantages à des catégories qui souhaitent les garder, mais à condition de se les payer ? Tel n’est pas à l’évidence le souhait de toutes ces professions libérales ou protégées par des statuts qui ne demandent rien d’autre que de continuer à profiter d’une solidarité qu’ils refusent aux plus faibles. Dans une société démocratique, qui a fondé tout son système de protection sociale sur la solidarité entre toutes les catégories, c’est aussi une forme de violence parfaitement inacceptable.

    mm
  • Publié le 19 janvier 2020
  • Dépèche n°31813

pastille cfc

Le contenu de cette dépêche est la propriété de son auteur et du Fil-Social. Toute reproduction, par tous moyens, est soumise à une déclaration auprès du Centre Français de la Copie.

Se connecter au site
Mémoriser?

Rechercher sur le site