S’il est une chose frappante dans l’observation des prises de position à l’occasion de la lutte contre le Covid-19, c’est bien la curieuse défiance de l’administration publique envers le secteur privé. Cette réflexion n’est pas propre à votre serviteur et ces lignes sont l’expression de nombreux témoignages recueillis auprès de responsables et de « soutiers » du système de santé.
Récemment, le patron de la FHP,Lamine Gharbi, avait poussé un « coup de gueule » en constatant que les lits libérés par les cliniques privées étaient désespérément vides, et ce alors que l’on déplace des malades d’un hôpital public vers un autre, y compris en leur faisant traverser toute la France. Au grand dam de certains professionnels de santé qui jugent qu’il serait plus pertinent et facile de déplacer le matériel et les professionnels de santé. Et de rappeler que la quasi-totalité des établissements privés de soins participe au service public de santé à travers les conventions qu’ils signent avec les pouvoirs publics. Depuis, précise la FHP, la situation s’est normalisée, mais quel temps gaché ! De son côté, le Syndicat national des biologistes, qui signe des conventions avec l’assurance maladie et participe aussi au service public de santé, dénonçait un certain ostracisme à l’encontre des laboratoires de ville. Alors que l’engorgement des structures publiques s’annonçait inévitable...
Naturellement, la situation évolue chaque jour, et l’administration semble bien avoir découvert que le secteur privé ne poursuivait pas uniquement le chiffre d’affaires, qu’il voulait, pouvait et devait prendre toute sa place dans l’effort national face à la guerre sanitaire contre le virus, au-delà de la « guéguerre » classique public - privé.
Mais puisque notre Président de la République l’a annoncé, « rien de doit être comme avant », nous devons dès aujourd’hui tirer les conséquences de ces dysfonctionnements, qui ne sont pas que financiers ou de pénurie de matériels. D’autant que la crise de l’hôpital et plus globalement de l’organisation et de la permanence des soins ne date pas d’hier, et que de nombreux éléments peuvent enrichir la réflexion.
Ainsi, un intéressant sondage initié par la FHP (encore !), montre qu’en matière d’urgences, les considérations statutaires public-privé importent peu aux Français. Commentant ce sondage, nous pouvions écrire que « le manque d’information constaté sur les urgences privées (67% des Français n’en ont jamais entendu parler) confirme la nécessité de mieux faire connaître toute l’offre de soins, et notamment en matière d’urgences, publiques comme privées, qui exercent toutes deux dans les mêmes conditions tarifaires sans dépassement d’honoraires ».Rôle dévolu normalement aux ARS en charge de l’organisation territoriale des soins et de la tutelle des établissements de soins, publics comme privés
Pour certains, l’épidémie mondiale devrait être l’occasion, enfin ,d’une réflexion sur nos organisations et leur pilotage. C’est surtout une impérieuse nécessité.
mm