Depuis les premières annonces du Professeur Raoult, le cas de l’hydroxychloroquine alimente débats et gazettes. Un dossier qui tourne au pataquès avec les révélations d’une étude du Lancet, rapidement remises en cause par l’éditeur lui-même.
Au-delà de la question scientifique, que nous laisserons bien volontiers aux scientifiques, l’évolution du dossier ne manque pas de poser nombre de questions. D’abord sur une certaine pensée unique, basée sur le désormais sacro-saint principe de précaution, qui préside aux procédures de recherche. On peut être séduit par le professeur marseillais qui affirme sa préférence au soin plutôt qu’à la recherche clinique. Mais depuis le début de la pandémie, le temps a permis de lancer des études « normées » dont les résultats se font attendre.
Nous avons été nombreux à tomber dans le piège de la précipitation en titrant sur le retrait de
l’hydroxychloroquine dans les traitements contre le covid-19. Il n’en est rien en fait.
L’étude du Lancet a surtout servi de point d’appui pour Olivier Véran de revenir sur les dérogations accordées, par lui-même quelques semaines plus tôt. Selon nos informations, l’occasion a vite été saisie, les juristes du ministère, s’inquiétant du risque juridique pesant sur l’État après la publication du décret du 26 mars 2020 permettant le recours à cette molécule, en milieu hospitalier et pour les cas graves d’infection au covid-19, alors même que les médecins étaient unanimes, Didier Raoult en tête, pour pointer l’inutilité vire la dangerosité d’une telle prescription. On peut penser que le décret concerné a pu être pris sous une certaine pression populaire, le charismatique promoteur de la chloroquine étant devenu très médiatique. Ouf, on est peut-être passé pas loin d’un scandale sanitaire d’État qui aurait sonné le glas d’un jeune et talentueux acteur de la macronie.
Autre question, concernant les études sur la prévention. Selon nos informations, 100 000 personnes seraient chaque année sous traitement avec la molécule, pour des affections prévues par son autorisation de mise sous le marché. Est-il possible et dans quels délais de regarder leur situation au regard du Covid ? Ont-ils, ou pas, été protégés de l’infection ?
Dernière question sur les usages, et sur les inégalités de santé. Car si l’hydroxychloroquine a retrouvé son cadre de prescription prévu par son AMM, rien n’interdit à un praticien de le prescrire hors AMM, notamment à la demande de son patient. Les statistiques de la Cnam nous livrent là encore un enseignement intéressant. Toujours selon nos informations, l’assurance maladie aurait enregistré plus de 40000 prescriptions nouvelles de la molécule dans la seule ville de Paris. Journalistes et personnalités n’ont pas manqué de relater leur expérience du covid et, lorsque cela était le cas, leur recours à cette molécule en témoignant des bienfaits apportés… Rien de scientifique en cela, faute de base de comparaison. Mais bien médiatique est l’effet de telles déclarations.
Que retenir de tout cela ? Comme le disait Socrate, et le chantait Gabin, on sait aujourd’hui que l’on ne sait rien. Et notre société qui vit sur les bases du principe de précaution devrait bien intégrer celui d’incertitude.
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