Les deux histoires qui suivent ont réellement été vécues par un (très) proche. Elles se déroulent parallèlement et concernent toutes deux l’assurance-maladie : l’une le régime obligatoire, l’autre le régime complémentaire. Chacun pourra en tirer la conclusion qu’il souhaite s’il a le courage d’aller jusqu’au bout de cette longue suite de dates.
Avec le RO, une histoire dont la fin reste mystérieuse
Commençons par le régime obligatoire. Le 20 novembre M. C. réalise qu’il a perdu sa carte Vitale. Comme c’est un assuré social modèle et moderne, il effectue, sur son compte Ameli, une demande de nouvelle carte. Il prend bien soin de fournir tous les documents demandés (photo d’identité prise par un professionnel, de moins de 2 000 ko, pièce d’identité valide, ...). En outre, il télécharge et imprime une attestation de droits.
Le 21 du même mois, il reçoit un accusé de réception l’informant qu’il recevra cette carte dans sa boîte aux lettres « d’ici une dizaine de jours ». Le suivi de la commande étant « disponible dans la rubrique ’Mes démarches / Suivi de ma commande de carte Vitale’ ».
Le 15 décembre, soit 24 jours après, n’ayant rien reçu, il s’informe de l’état d’avancement de la chose. Il a, également, constaté que dans la rubrique « Suivi de ma commande de carte Vitale », il est indiqué qu’aucune carte Vitale n’est en cours d’émission pour lui.
Daté du 16, un message de la Cpam l’informe que cette carte « a été produite et est en cours d’acheminement à [son] domicile par voie postale ». En outre, le message spécifie que c’est pour cette raison (carte produite) qu’il n’y a plus d’indication de demande en cours.
Très bien se dit ce brave homme, ce retard est dû à la période (l’approche des fêtes de fin d’années, les grèves, tout ça).
Le 3 janvier, les choses n’ayant pas évolué, il se permet de relancer la Cpam.
La réponse, datée du 7, mais en fait, mise en ligne le 10, l’informe, à sa grande surprise, que sa « demande [du 21 novembre, rappelons-le] a été traitée mais a abouti à un rejet ». En outre, « Ce rejet [lui] été notifié dans [son] espace d’échange ainsi que son motif ».
M. C. en est légèrement pantois. Il n’a jamais vu de telle notification dans son espace d’échange (qu’il suppose être sa messagerie sur son compte Ameli mais allez savoir).
Il se demande surtout par quel miracle une carte fabriquée, et envoyée, avant le 16 décembre peut se transformer, le 7 janvier, en carte non produite. Il prend son téléphone, (appel surtaxé de 6 centimes la minute) et, après quelques déboires dus aux demandes (automatiques) qui ne correspondent pas à ce qu’il faut faire, on lui indique qu’il y a trois quart d’heure d’attente mais qu’il peut être rappelé en tapant tel numéro sur son clavier. Ce qu’il fait mais, comme il s’y attendait un peu, il n’a jamais été rappelé. Il retéléphone une heure plus tard mais, là, il apprend, que « exceptionnellement », sa caisse primaire ferme ce jour à 16h. On en est là aujourd’hui. Les explications arriveront peut-être un jour.
RC : une histoire compliquée qui finit bien
Quelques déboires avec le régime complémentaire, maintenant.
Le 6 janvier, n’ayant pas reçu sa carte d’adhérent 2020 de sa mutuelle, le même M.C. s’inquiète auprès d’elle. La réponse est que cette carte est bien partie et qu’il la recevra très vite. En outre, la personne qu’il a au bout du fil lui présente les excuses de l’organisme et lui suggère de télécharger une attestation de droits. Ce qu’il avait déjà fait.
Le 8 janvier il reçoit non pas une mais deux cartes d’adhérents, dans deux courriers séparés : l’un parti le 26 décembre, l’autre le 7 janvier. Mais, comme rien n’est simple, celle partie le 26 décembre contient un courrier d’accompagnement daté du 19 décembre et celle partie le 7 janvier un courrier daté, lui, du 15 décembre. Ce dernier courrier lui demande de détruire, à cause d’une erreur de fabrication, la carte reçue précédemment. Pour ceux qui ont suivi, la lettre envoyée le plus récemment avait la date de rédaction la plus ancienne mais elle annulait la précédente datée ultérieurement.
Il prend donc son téléphone, et une conseillère, à qui il explique son cas, lui dit clairement quelle carte mettre à la poubelle et, là encore, lui présente les excuses de la mutuelle pour cette erreur, due au fait que le gestionnaire vient de changer.
Deux conclusions au moins
De ses déboires M. C. tire au moins deux conclusions : la mutuelle fait des erreurs, les reconnait et les corrige. La Cpam fait des erreurs, ne le reconnait pas, ne les corrige pas (du moins pour l’instant) et considère que le responsable en est l’assuré.
A la décharge du régime obligatoire, peut-être peut-on considérer que la paranoïa le guette à la suite du rapport remis en novembre au premier ministre par la sénatrice (UDI) Nathalie Goulet et la députée (LREM) Carole Grandjean. Ce rapport qui conclut pourtant à « l’impossibilité matérielle » de chiffrer le montant de la fraude aux prestations sociales (l’un de ses objectifs), promeut, en tous cas, l’idée de mieux contrôler l’émission des cartes Vitale.
Une troisième conclusion pourrait être que M.C. n’a pas de chance.
mm